A l’heure où nous écrivons ces lignes, les deux partis politiques qui se sont succédés aux manettes de la Vème République sont donnés au premier tour de l’élection présidentielle, par les instituts de sondages, avec toutes les réserves et précautions possibles, derrières trois autres formations.
Partis politiques et crise organique
Immédiatement, cette situation nous évoque certains propos de Gramsci qui datent pourtant de 1930, dans un article intitulé « Observations sur quelques aspects de la structure des partis politiques dans les périodes de crise organique » (1).
En l’espèce, Gramsci observe qu’à « un certain point de leur vie historique, les groupes sociaux se détachent de leurs partis traditionnels, c'est-à-dire que les partis traditionnels, dans la forme d'organisation qu'ils présentent, avec les hommes bien déterminés qui les constituent, les représentent, et les dirigent, ne sont plus reconnus comme expression propre de leur classe ou fraction de classe. Quand ces crises se manifestent, la situation immédiate devient délicate et dangereuse, parce que le champ est ouvert aux solutions de force, à l'activité des puissances obscures, représentées par les hommes providentiels » (1).
Distribution des programmes politiques
Des hommes providentiels
Et dans cette campagne, des candidat-e-s providentiels, il y en a de Macron à Mélenchon en passant par Lepen et Fillon, soit le quartet en tête des sondages.
Tous se veulent hors système, voire anti système, et affirme résoudre, pour reprendre l’expression de Gramsci, l'opposition entre « représentés et représentants » (1). Pourtant, ils rassemblent plus de 80% des électeurs.
Tous parlent de renouvellement. Tous prétendent incarner et personnifier le renouvellement.
Changer le personnel politique usé
Or, Gramsci, nous rappelle qu’en période de crise organique, « la classe dirigeante traditionnelle, qui a un personnel nombreux et entraîné, change d'hommes » (1).
Voilà ce qui s’opère à quelques jours du premier tour.
Gramsci estimait que « les partis français constituent un riche terrain pour de telles recherches : ils sont tous momifiés et anachroniques, documents historiques-politiques des diverses phases de l'histoire passée de la France, dont ils ont gardé la terminologie vieillie ; leur crise peut devenir encore plus catastrophique » (1).
Quelle catastrophe ? Celle qui au lendemain du second tour verra, « avec l'approfondissement de la crise du capitalisme les classes dirigeantes capitalistes (...) pour maintenir leur pouvoir limiter et supprimer les libertés d'organisation et les libertés politiques » (2).
Rien à attendre de la présidentielle
Sans attendre les résultats électoraux, qui procèdent eux même de la société politique telle que décrite par Gramsci, il convient « d’organiser les actions partielles et limitées comme des étapes nécessaires pour parvenir à la mobilisation progressive » et la formulation « d’un programme de revendications immédiates» (2)
(1) http://ligue.gramscienne.over-blog.fr/2017/04/observations-sur-quelques-aspects-de-la-structure-des-partis-politiques-dans-les-periodes-de-crise-organique.html
(2) http://ligue.gramscienne.over-blog.fr/2017/04/la-situation-italienne-et-les-taches-du-pci-theses-de-lyon.html